PLAYLIST DE
agathe aurifeille styliste
plasticienne

PARIS
agatheauriffeille.fr
@agathekid

“J’aime écouter des morceaux chargés en rythmique ou en mélodie, pour qu’ils m’évoquent des couleurs fortes.”

Je dirais que mon premier souvenir musical est le groupe Niagara. A l’époque, mon père était hyper fan. Elle a une voix et une image hyper forte. J’aime le fait que ce soit un modèle même en dehors de sa musique, quand on voit son image en tant que femme. Le clip “Soleil d’hiver” m’a visuellement énormément marqué et influencé. Par exemple, le motif du damier rouge et blanc est une référence dans laquelle je peux aller piocher en termes d’inspiration pour mon travail actuel. La musique m’a fait découvrir des univers visuels que maintenant j’ai intégré, et qu’inconsciemment je ré-utilise dans plusieurs projets. J’ai une mémoire beaucoup plus visuelle que sensorielle ou auditive. Tous les trucs que j’ai pu entendre ou écouter, je les rattache toujours à des visuels que j’ai pu voir.

La musique dans ma vie de tous les jours est omniprésente et indispensable. Le plus gros de mon travail aujourd’hui est du stylisme, et je le fais énormément dans le domaine de la musique.

Dans quelle atmosphère sonore aimes tu te plonger pour travailler ?

Je vais écouter des musiques qui sont très souvent chargées de beaucoup de choses. Même parfois sans voix, pour me laisser un peu transporter. Visuellement j’aime les choses chargées en termes de couleurs et d’émotions. Je ne suis pas minimaliste dans ma façon de travailler et de vivre les choses. J’aime les choses riches en couleurs, et les choses kitchs. Du coup, quand je travaille, j’aime écouter des morceaux chargés en musicalité, en rythmique, en mélodie pour qu’il m’évoque des couleurs fortes.

Ca peut être des chansons très pop avec des belles couleurs qui vont ressortir dans mes dessins. Mais à côté de ça, je peux aussi écouter des choses plus profondes, comme King Krule ou The Cure, parce que j’aime aussi avoir ce contraste avec un personnage ou un trait un peu plus sévère et sombre. Quand je dessine des personnages avec des creux de peau et des faciès pas hyper flatteurs, c’est souvent parce que j’écoute de la musique un peu dure, qui vient des tripes. Mais, toujours en gardant une colorimétrie hyper pop et flash sur la fin. Qui vient en général de chansons plus positives et uptempo, de groupes comme Toro y Moi par exemple. C’est pour ça, en partie, qu’il y a autant de contraste dans mes dessins entre le trait et la couleur.

Écouter un album du début à la fin est quelque chose que je fais très rarement quand je travaille. Assez rapidement, je ressens le besoin de changer la musique que j’écoute pour aller chercher et m’emmener vers quelque chose de nouveau. Mon travail est le résultat de ça souvent, une melting pot de pleins de choses différentes en termes d’énergie.

S’il n’y avait pas de musique, les dessins dans ma vie ne changeraient pas je pense. Enfin, ils existeraient toujours. En revanche, ils seraient certainement moins variés et moins contrastés, mais j’aurais toujours besoin de les faire sortir. En ce qui concerne mon travail en tant que DA et styliste, sans la musique, je n’aurais pas le travail, la créativité et la productivité que j’ai aujourd’hui. J’ai développé ma créativité, ma façon de travailler, mon réseau, mon expérience, en m’intéressant au monde musical, et en rencontrant des artistes et des chanteur.se.s. Si je n’avais pas la musique aujourd’hui, mon travail serait moins intense et moins personnel. Car je pense que je serais beaucoup plus influencée par mon éducation, les choses que l’ont m’a inculquées, que j’ai pu regarder ou apprendre dans des cours. Tout simplement parce qu’il y aurait moins de “laisser aller” et moins “d’imaginé" dans mon travail.


En ce moment, quelles sont les sons, les sonorités qui te donnent la chair de poule ?

En terme musical, ce qui me transporte et me procure une émotion particulière c’est Odezenne. Leurs nappes de synthés analogiques et les morceaux hyper longs, ça me touche tout le temps. Et pourtant je connais les morceaux par cœur depuis le temps. J’ai connu ce groupe et rencontré cette clique à un moment de ma vie et ce groupe est resté encré en moi. J’ai un relation nostalgique avec leur musique. Ça me ramène à un moment de ma vie très effervescent ou je sortais beaucoup, je rencontrais beaucoup de monde. Récemment, grâce à un mec qui s’appelle Kirin J. Callinan, j’ai découvert un projet qui s’appelle Faux Real. Et c’est fou, j’aime trop. Je pense que j’ai un affect particulier aussi à leur musique parce que visuellement ils ont des clips très poussés, très travaillés, qui accompagnent très bien leur musique.


T’arrives-t-il d’entendre un son et d’y associer une forme, une couleur, une image ou une matière ?

J’écoutais la chanson “Paradis Perdu” de Christophe et ça m’a inspiré ce dessin. Une femme ; on a l’impression que tout va bien pour elle, mais en fait elle est agenouillée sur le sol dans un cadre un peu glauque. Cette chanson est sortie comme ça à travers ce dessin et j’avais envie et besoin de l’illustrer.

Posé à côté de mon lit, j’ai un petit carnet sur lequel je note des idées, je fais des dessins, je gribouille des choses pour les garder en tête et les garder pour plus tard.

Quels sons récents t’ont donné envie de créer ?

Pendant le premier confinement, j’ai découvert un artiste qui s’appelle Macky Lavender dont j’aime énormément l’esthétique et le style. Notamment avec un morceau qui s’appelle “Bloom”. C’est un peu cet univers la qui m’a inspiré la silhouette et la colorimétrie de cette statue, que j’appelle généralement “Lucien". Ça, mais aussi le fait d’être en manque de gens, de rencontres, de sorties, de découvertes, de mouvement… A ce moment la, j’avais envie d’écouter “Time to Dance” de The Shoes et de danser pendant des heures mais c’était pas possible. Alors j’ai extériorisé ça d’une autre façon.

Si ta dernière création était une chanson, elle serait… Et ta prochaine ?

Ma future création pourrait s'apparenter à un EP d’un compositeur qui s’appelle “Vegyn”. C’est un mec qui est très Synthé, en analogique et qui a sorti un album de 70 titres il me semble. Avec des boucles de une minute, deux minutes parfois. Je trouve ce besoin et cette envie de tester énormément de choses différentes très intéressante en ce moment.


Tu voudrais entrer dans l’intimité sonore ou la bulle musicale de quel.le artiste ?

J’aimerais bien entrer dans l’intimité musicale de la réalisatrice Nadia Lee Cohen. C’est notamment la femme qui a fait le clip de Kali Uchis et Tyler the Creator, des clips pour ASAP, des collaborations avec la marque GCDS. Elle a un univers très barré, et elle travaille avec des artistes très différents. Ce serait chouette de savoir quelle musique elle écoute quand elle cherche de l’inspiration ou comment elle choisi ses projets et ses collaborations. Sinon je dirais Mark Beyer l’illustrateur aussi. J’ai un livre de lui chez moi qui s’appelle “Agony” ou on suit deux personnage,  à travers pleins de petites histoires, mais qui ne font que mourir à chaque fois. Je trouve ça drôle, touchant, décalé et frais comme concept.

De savoir s’il travaille en musique et comment il crée des objets comme ça, ça m’intéresse. C’est un humour assez noir finalement mais en même temps il a un univers et un dessin assez Pop.

 

Tu nous conseillerais de nous immiscer dans la bulle musicale de quel.le artiste que tu connais personnellement ou intimement?

La première personne à laquelle je pense est un artiste Belge qui s’appelle David Numwami. C’est un auteur-compositeur-multi-instrumentaliste, mais il fait également du dessin. Je l’ai rencontré grâce à Pablo de Moodoid ; on a réalisé un clip pour lui. Il fait des clips ou il se met en scène sous forme de dessins. C’est hyper créatif et frais comme concept et comme univers.