PLAYLIST DE
PAULINE ESPARON
DESIGNER

PARIS
PAULINESPARON.FR
@PAULINEESPARON

“C’est un élément qui fait office de filtre sur ma réalité, et donne une couleur ou une teinte à ma journée.”

Un son qui marque un peu le début de ma culture musicale, c’est Stir it Up de Bob Marley. C’était mon radio réveil à l’époque, alors qu’elle ne donne pas du tout envie de se lever… C’est une chanson qui a traversé le temps. C’est quelque chose de nostalgique et très associé à une image du passé.

J’ai une relation très importante à la musique dans ma vie au quotidien. C’est quelque chose qui me transporte, qui stimule mon imagination, mais à la fois me permet de m’encrer, me mettre dans le sol. C’est en même temps un voyage et un encrage. Je n’utilise jamais d’écouteurs pour écouter de la musique ; je n’en ai pas d’ailleurs. La musique ne me sert pas comme fond sonore, mais plutôt comme dessus sonore. C’est un élément qui va faire office de filtre sur ma réalité, et donner une couleur ou une teinte à ma journée.


J’ai souvent une image d’un endroit, des associations de matière quand j’écoute de la musique. Elle me mets dans un univers, convoque un moment de la journée. C’est une inspiration spatiale par la musique, et qui dépasse simplement l'échelle de l’objet.

Je choisis la musique plus que je ne choisis le silence. C’est un vrai choix quand je mets une chanson. Si je dois être présente avec ma tête et ma raison, je ne vais pas écouter de musique. En revanche, quand j’en écoute, il y a un écho à quelque chose de très sensoriel, corporel, émotionnel, vraiment lié a du travail manuel.

Il m’arrive de chercher de la musique pendant une après-midi entière sur Soundcloud par exemple. Les jours qui suivent, je vais être très heureuse d’avoir cette matière sonore que je vais remettre à certains moments quand je travaille. Je ne découvre pas les sons, je les cherche.


Il y a des moments où je vais écouter beaucoup de reggae parce que ça me pose, ça m’apaise. Il y a des moments où j’ai envie que ce soit plutôt une comédie musicale et d’ouvrir grands les bras. Parfois, ça peut être plus intime, plus spirituel, voir plus sombre même ou mélancolique.

J’ai vraiment un rapport physique avec la musique. On remet de l’huile dans le moteur, ça te donne de l’énergie, une nouvelle impulsion.

As-tu déjà créé une œuvre en écoutant une chanson ou un album en particulier ?

Je repense à mon travail sur le projet Kabar Maloya, j’écoutais en boucle la chanson Holding Horses de Coleen, ainsi que l’Album Musique de Nuit de Ballake Sissoko et Vincent Ségal. D’ailleurs quand je retombe sur ces chansons dans une playlist, je repense directement à ces créations.

Comment serait ton travail sans la musique ?

Quand je fais de la tapisserie, je travaille avec des ressorts, des cornes, etc… Je ne peux pas m’empêcher de jouer avec les objets et avec leurs sonorités. J’aurais besoin de ne pas ignorer le son qui m’entoure et de jouer avec. La musique dans mon travail est un état émotionnel, plus qu’une inspiration formelle. Du coup, je pense que mes œuvres finales ne seraient pas différentes, mais sans musique, mon environnement de travail serait plus plat, plus monotone et plus sec je dirais.

En ce moment, quel son te donne la chair de poule ?

J’ai découvert la musique d’une femme qui s’appelle Emahoy Tsegué-Maryam Guèbrou. C’est une religieuse Éthiopienne, dans les années 20, qui a appris le violon et la musique en Egypte avec un professeur Polonais. Elle est ensuite devenue compositrice et pianiste. C’est une musique d’une pureté incroyable, c’est intime et désarmant. Une musique extrêmement solaire. C’est une découverte que j’ai faite récemment et je sais qu’elle aura de l’endurance dans ma vie.

Tu voudrais entrer dans l’intimité musicale de quel.le artiste ?

Le premier qui me vienne à l’esprit, c’est Augustin Lesage. Un peintre Français du début du XXe siècle, qui est une des figures majeures de l’art brut. J’aurais aimé savoir ce qui l’inspirait, ou s’il écoutait de la musique en travaillant.

Il y a un autre artiste que j’aime énormément, mais je le connais donc je ne sais pas si ça marche. Il s’appelle Rikkert Pauw, il est hollandais. Il récupère des objets de rue, et en fait du mobilier. Et je me demande bien ce qu’il écoute quand il travaille. Ça doit forcément être inspirant.