PLAYLIST DE
GABRIELLE RUL
GRIBOUILLEUSE

PARIS
@GABRIELLE.RUL
Artsper

“ Je préfère garder mon stylo posé, plutôt que de commencer un dessin avec une chanson qui n’est pas adaptée à mon humeur ”

De base, mes parents écoutaient énormément de musique. Mon père jouait de la guitare et ma mère du piano. 

A l’école, j’avais une amie dont le père était fan de musique. Il lui laissait des CDs le matin sur la table en lui disant: “Ecoute ça aujourd’hui, et on en parle ce soir”. Du coup, on écoutait ça ensemble avec son frère. C’est à cette période là, que j’ai découvert Patti Smith, Pink Floyd et les Arctic Monkeys. 

Le bac à CDs à 20 euros de La Fnac a beaucoup contribué à ma culture musicale aussi. J’achetais 4 CDs pour 20 euros. Le premier lot que j’avais acheté était composé de: David Bowie, Patti Smith, Courtney Love et Nirvana. 

Ensuite mes goûts se sont un peu affinés, j’ai commencé à ouvrir mes horizons et m’intéresser à d’autres choses. 

Puis je me suis mise au piano, et j’ai découvert les Ghiblis, avec tout le travail du compositeur Joe Hisaichi, ainsi que des artistes comme Umitaro Abé. 

Je garde aujourd’hui une grande variété dans les styles que j’écoute et je fais des allers-retours entre la musique Japonaise, Ethiopienne, des chants Iraniens, le Rock et la variété Française. Principalement. 

En ce moment, j’écoute beaucoup de Ryūichi Sakamoto, Ella Fitzgerald, Etta James et Michel Legrand. Des choses très orchéstrales et des ensembles qui me portent et me soutiennent. 

En revanche, je remarque quand même, de plus en plus, que mes oreilles s’ennuient assez rapidement par rapport aux sons que j’écoute. J’ai souvent des phases où je tourne en rond, où je ne sais pas trop où aller, mais je sens que mon corps et mon esprit me demandent de nouvelles choses. Des sonorités, des voix, des rythmiques que je n’ai pas l’habitude d’écouter. Dans ces cas là, je crée beaucoup de “radios” sur Spotify ou je vais me balader sur le site Radioooooo.com pour aller chercher des cultures différentes et de la rareté. Quand je fais ça, j’ai le sentiment de faire voyager mes oreilles. 

La musique m’accompagne du levé, jusqu’au couché, en passant par mes insomnies. Je l’utilise comme moteur, comme un élément qui m’apporte de la motivation, comme quelque chose qui peut me calmer ou comme allié pour me créer un bouclier et construire mon espace personnel. 

J’écoute beaucoup de musique au casque, sur mes AirPods. Ça contribue vachement à la création de ma bulle et à ce sentiment de confort. 

Récemment, j’étais dans un endroit avec un super sytème Audio, mais j’ai quand même préféré écouter ma musique au casque. Les enceintes ne me procurent pas le même sentiment de “cocon” qui est si important pour moi. 

Souvent, quand je marche dans Paris, j’écoute de la musique au casque, et les chansons accompagnent la découverte du paysage autour de moi. Quand je m’arrête sur un visuel qui m’interpelle, je commence rapidement à avoir des images pleins la tête qui se bousculent entre elles. A ce moment là, je sais que j’ai besoin de me poser rapidement quelque part pour dessiner ou écrire. En règle générale, le temps d’arriver à me poser, je ré-écoute la chanson en question, en boucle, pour ne pas perdre le fil des images. Au bout de la 3ème ou 4ème écoute, je commence à remarquer des phases, des paroles ou des instruments que je n’avais entendu à la première écoute. La découverte de ces petits détails me permet de rajouter des éléments supplémentaires à mon dessin ou à mon intention de base. 

Malheureusement ce n'est pas toujours aussi facile. Parfois, je vais avoir une idée bien précise en tête de ce que je veux dessiner, mais je vais mettre jusqu’à une heure à me décider sur la première chanson que je vais mettre pour me lancer. Parfois je m’en veux d’être aussi lente et indécise, mais le choix de cette première ambiance va avoir tellement d’influence sur le résultat, qu’au final je l’accepte. Je préfère garder mon stylo posé, plutôt que de commencer un dessin avec une chanson pas adaptée à mon humeur. 

Si je n’avais pas de musique dans ma vie et mon travail, je pense que j’aurais beaucoup plus de mal à me concentrer. J’ai souvent le sentiment d’avoir le cerveau qui part dans tous les sens et qui se disperse dans mes pensées. La musique m’aide à apaiser et canaliser mon énergie cérébrale. Ca m’arrive d’essayer de dessiner sans musique, mais rapidement mon cerveau part sur des débats, sur trois conversations en même temps et je me perds assez rapidement dans mes pensées. 

Si tu fais vraiment attention à ce que tu écoutes, la musique est une discipline en soit.  

Quand je dessine pendant une heure ou deux, sans lever mon stylo, je finis lessivée, mon corps se relâche complètement et je tombe. Je sais qu’il faut que je bouge ou que je mange quelque chose car j’ai tout lâché sur ma feuille. Le dessin me vide, ça me pompe beaucoup d’énergie. Mes dessins sont une grosse marmite de ma vie et m’aident à comprendre beaucoup de choses sur moi-même. 

Si ce prochain dessin était une chanson, ce serait “Don’t Talk (Put Your Head On My Shoulder)" des Beach Boys. Je vous propose de lancer l’audio avant de le découvrir!

J’essaie de ne pas trop travailler chez moi, de changer, de me délocaliser. Je trouve ça important de changer d’environnement. 

Le fait de travailler dans un endroit qui ne soit pas le mien m’aide à trouver ma première chanson plus vite. Comme je suis dans un environnement étranger, il faut que je crée ma bulle. Je me met en aléatoire dans les titres que j’ai aimé, et je passe au suivant jusqu’à ce que je tombe sur le morceau qui traduit l’humeur dans laquelle je veux me plonger. 

Parfois je me pose les mêmes questions sur l’intimité musicale de gens de mon entourage. Par exemple, mon banquier est venu à mon expo il y a quelques semaines, et je me dis que j’aimerais bien savoir ce qu’il écoute lorsqu’il travaille. Je me demande aussi, souvent, ce qu’écoutent les gens que j’admire et qui m’accompagnent avec leur musique au quotidien, comme Joe Hisaishi par exemple. Je serais très curieuse de savoir ce qu’un compositeur comme lui écoute comme musique. Est-ce qu’il y a des trucs auxquels je ne m’attendrais pas? Qui me surprendraient? Je voudrais tout écouter de ce qu’il écoute, ce serait fascinant je pense. 

Derrière chaque histoire que je dessine, il y a toujours un morceau de musique.
La plupart de mes oeuvres naissent dans ma tête quand je me balade, appuyées par un air qui parfois vient d’abord, parfois ensuite.

Cela aurait été impossible d’illustrer mes inspirations sonores car elles évoluent constamment.
En revanche, j’ai tenté d’esquisser mon cerveau musicalement. Ma sélection n’a pas vraiment de sens, et ce ne sera sans doute pas une playlist agréable à écouter.
Mais je crois que cela me ressemble. Parfois douce, parfois mélancolique et sereine, parfois énervée sans raison apparente.

On trouve un peu de tous les continents, parce que les voyages c’est important.

Les escapades inspirent.
— Gabrielle Rul